Communication à la 5ème biennale de l’Education et de la Formation.
POURTOIS Jean-Pierre, DESMET Huguette, NIMAL Patricia
VOIR la présentation du livre ’L’Education implicite" sur le site du GBEN.
Biennale 5 |
---|
Résumé
Mots clés : Éducation implicite, besoins, schéma, analyse des similitudes, analyse implicative
Extraits du résumé. C’est moi qui souligne certains passages en couleur. (M.S.)
Le contexte du développement de cette recherche se situe dans l’examen du caractère implicite de l’éducation. La question de recherche est : ’ Comment l’éducation implicite construit-elle l’identité de l’enfant ? ’. L’hypothèse veut éprouver l’idée que l’éducation implicite structure positivement et/ou négativement l’identité. Le cadre théorique de la recherche est un modèle de neuf besoins psychopédagogiques répartis dans trois dimensions fondamentales : dimension affective (comportant les besoins d’attachement, d’acceptation et d’investissement), dimension cognitive (regroupant les besoins de stimulation, d’expérimentation et de renforcement) et dimension sociale (réussissant les besoins de communication, de considération et de structures).
Ce modèle a été à l’origine d’un questionnaire de 90 items portant sur le vécu éducatif. Il a été administré à 830 élèves de 10-12 ans.
(...)
Les résultats montrent qu’il existe des schémas positifs et des schémas négatifs bien distincts. Ainsi, l’arbre hiérarchique de similarité fait apparaître quatre schémas, trois positifs (amitié et estime - amour et tendresse - confiance et structures) et un négatif (dépression et évasion).
L’analyse implicative, quant à elle, montre, entre autres, que la considération positive englobe la communication, le renforcement et l’investissement positifs et que la non-acceptation conduit au non-investissement.
Par ailleurs, la passation du questionnaire à des jeunes délinquants fait émerger des schémas très différents. Ces jeunes crient leur désir d’acceptation (qu’ils n’ont pas reçue) et sont à la recherche de nouvelles structures qui organisent leur vie.
Par la suite, les résultats sont confrontés à un entretien d’explicitation auprès d’un échantillon plus réduit d’enfants afin de mieux comprendre comment s’organisent activement les expériences éducatives passées, c’est-à-dire comment se construit l’histoire que nous retenons et qui forge notre identité.
La recherche débouche sur la nécessaire intervention auprès des parents pour stimuler les schémas positifs et éviter les schémas négatifs.
Version longue
EXTRAITS de la version longue,] dans laquelle je relève les passages suivants :
Le caractère implicite de l’Education constitue le cadre de la présente recherche. L’Education au quotidien se présente avec toutes les apparences du naturel. Elle semble dictée par l’ordre des choses. L’enfant s’y fond, s’y incorpore. Il s’agit d’une violence, souvent douce, toujours invisible, ce qui n’enlève rien à sa force, bien au contraire. Sa puissance est donc énorme et agit à l’insu des acteurs. Ceci dit, elle est d’une nécessité vitale pour l’individu. C’est grâce à elle que s’érige son identité. L’adulte, en utilisant le module éducatif implicite qu’il a lui-même incorporé durant sa propre enfance, va répondre aux besoins de l’enfant et la qualité de ses réponses va construire la personne, avec plus ou moins de bonheur.
Questions de recherche
La question que nous nous posons est de savoir comment les sujets sont affectés par leur éducation implicite et quel bilan ils tirent de cette violence symbolique que représente l’éducation.
(...)
Modèle de référence
Les dimensions fondamentales de l’identité renvoient à la notion de besoins, ceux-ci exprimant la dépendance de l’individu à son milieu.
Au Centre de Recherche et d’Innovation en Sociopédagogie familiale et scolaire (C.E.R.I.S.) à l’Université de Mons (Belgique), nous avons proposé un modèle qui prend en compte douze besoins - en articulation les uns avec les autres - indispensables au développement de l’enfant :
1. Quatre dimensions : affective, cognitive, sociale et idéologique.
A chacune de ces dimensions correspondent trois besoins spécifiques de l’enfant qui impliquent des catégories d’attitudes et de comportements chez les parents.
Les trois besoins du domaine affectif sont
– l’attachement,
– l’acceptation et
– l’investissement.
Ceux du domaine cognitif sont
– la stimulation,
– l’expérimentation et
– le renforcement.
Ceux du domaine social sont
– la communication,
– la considération et
– les structures.
Soit neuf besoins au total. Nous n’avons pas pris en compte dans cette recherche les besoins idéologiques qui sont présents dans les neuf besoins analysés.
Ce modèle des besoins psychosociaux a servi de base à l’élaboration d’un questionnaire-bilan pour les enfants du troisième cycle primaire.
Questionnaire-bilan des besoins
(...)
Chacun des neuf besoins est investigué par 10 items répartis en 5 positifs et 5 négatifs, soit 45 items positifs et 45 items négatifs.
La consigne donnée à l’enfant était : ’ Tu colories un rond chaque fois que tu es d’accord avec la proposition ’.
’ J’aime ma famille ’ ou ’ ce que je voudrais, c’est reconstruire la vie autrement ’ sont des exemples d’items (scripts) proposés.
Le questionnaire a été proposé à 830 élèves âgés de 10 à 12 ans de l’ensemble des écoles de l’entité de Châtelet (Belgique).
Analyse métrologique du questionnaire
(...)
En synthèse, il semblerait bien que la dimension positive - la bientraitance, pourrait-on dire - s’organise, dans la mémoire des sujets, selon trois structures différentes. Par contre, les items négatifs se regroupent dans une seule classe.
on pourrait doc dire que la bientraitance apparaît de façon plus hétérogène que la maltraitance. Il y aurait donc plusieurs pistes de bientraitance.
Analyse implicative
(...)
Nous constatons que le concept le plus englobant, celui dans lequel les autres concepts sont inclus est l’attachement. C’est à partir de lui que se construit l’identité et que se développent, en fin de compte, les structures, noyau organisateur de notre vie. Notons aussi qu’un autre chemin partant du besoin de structures conduit à l’investissement via le besoin de considération. L’investissement relève lui aussi de la sphère affective.
Pour avoir le sentiment d’être bien structuré, l’enfant a besoin de se sentir considéré et pour que ces deux sensations soient présentes, il doit se sentir investi. Deux autres chemins existent qui partent eux du besoin de stimulation. En fin de compte, on peut dire que les dimensions affectives d’attachement (d’amour) et d’investissement (de projet à l’égard de l’enfant) sous-tendent le besoin cognitif de stimulation et le besoin social de structures. Notons encore toute l’importance qu’il convient d’accorder à la considération qui constitue un passage obligé des quatre chemins qui se dégagent de ce schéma implicatif.
Nous aurions pu présenter aussi le graphe implicatif relevant de la dimension négative des besoins et qui montre, entre autres, que l’attachement difficile et les expériences négatives sous-tendent une intériorisation peu aisée des structures ainsi que le sentiment d’être mal accepté.
Conclusions
Les deux analyses qui viennent d’être présentées, basées sur le vécu expérientiel des enfants de 10-12 ans, illustrent un nouveau champ de recherches dans le domaine de la bientraitance et de son négatif, la maltraitance. Toutefois, il faut que ces recherches se développent.
Ainsi, comment s’organise le vécu éducatif des enfants de 6-8 ans, mais aussi celui des enfants de 4-6 ans ? Comment les jeunes délinquants ont-ils structuré leurs besoins ? Est-ce que la réussite ou l’échec dans le secondaire ou à l’université est relié à une structure particulière du champ des besoins ?
Nous travaillons également au départ d’entretiens d’explicitation pour mieux comprendre comment s’organisent activement les expériences passées, c’est-à-dire comment se construit l’histoire que nous retenons et qui forge notre identité.
La recherche débouche inévitablement sur la nécessaire intervention auprès des parents pour stimuler les schémas positifs et éviter les schémas négatifs.
Pourtois J.-P. et Desmet H ;, L’éducation postmoderne, Paris, P.U.F., 1999, 2ème édition.
Pour lire le texte complet, voir le site de la 5ème Biennale de l’éducation et de la formation.