"Mes premiers chocs, à 22, 23 ans, l’éducation nouvelle, comment penser avec les élèves faire en sorte qu’ils construisent leur propre pensée. C’est une réaction à ce que je vois beaucoup au théâtre, et qui m’ennuie : cette pensée unique qui veut qu’on passe forcément par la déconstruction."
Avec notre équipe PMS, dont elle faisait partie, elle a pratiqué des animations de classe, animé des formations d’enseignants, travaillé avec les grilles de lecture de Raimondo Dinello, mis en oeuvre les idées de Henri et Odette Bassis..., avant de quitter le PMS pour se consacrer à ses études de comédienne puis à son métier de metteuse en scène.
Voici encore la suite et quelques extraits de cet "entretien avec une polymorphe revendiquée" :
"...ce qui m’ennuie, au théâtre : cette pensée unique qui veut qu’on passe forcément par la déconstruction. Or on se trouve à un moment capital pour notre monde, où il faut réussir à penser autrement. Le projet Smatch paraît a priori un immense bordel, pour peu à peu se construire - à l’inverse de ce qui se passe souvent : on va du plateau nu au chaos. Ici justement il s’agit de montrer que la pensée n’est pas qu’intellectuelle, qu’elle mélange des choses très différentes, qu’elle rassemble. Quand je mène des formations, notamment en milieu psychiatrique, je donne toujours l’exemple de l’oxymoron : une violente tempête, c’est ce à quoi on s’attend ; une tempête calme, ça bouscule davantage. En somme, c’est éviter les portes ouvertes pour plutôt aller en ouvrir de nouvelles."
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"Enthousiaste, polymorphe, l’artiste confie travailler "essentiellement sur l’écoute et pas sur une œuvre à faire", en laissant les projets évoluer au gré des rencontres. Y compris bicommunautaires. Le Corridor est ainsi à l’origine du premier surtitrage en néerlandais au Théâtre de la Place, à Liège, en 2004, pour l’"Opéra bègue".
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L’article est signé de Marie Baudet, et paru dans La Libre culture de ce 7 juillet 2010.
Le Corridor asbl, 413 rue Vivegnis, 4000 Liège. Infos : 04.227.22.92, www.lecorridor.be
"Smatch [1]" au Festival d’Avignon, les 9 et 10 juillet à 23h, à l’École d’art.
« À mesure que « Smatch » avance, la jubilation augmente. Notre imaginaire est sans cesse stimulé (…). Avec « Smatch », on s’autorise à inventer d’autres histoires que celles que l’on voudrait nous faire jouer ; on peut créer les nouveaux territoires qui nous permettent de voir ce que nos répétitions cartésiennes nous empêchent d’appréhender.
Avec « Smatch », on se prend à rêver qu’un ministère de la recherche et de la culture européen soit installé symboliquement sur la frontière. Pour la faire bouger. »
www.festivalier.net, Pascal Bely, 23/05/09