Gravés dans l’argile depuis des millénaires des symboles énigmatiques.
Prétextes à écriture, à création.
Une plongée dans l’imaginaire, à partir du disque de PHAISTOS pour déchiffrer quelle loi d’hier, quelle voix d’aujourd’hui.
NB. Le minutage est donné à titre indicatif : il peut être un bon guide, si l’on sait qu’une stricte contrainte de temps
Quatre entrées pour cet atelier :
- Ecriture : la langue des signes fait signe à la langue.
- Références : une entrée dans l’histoire des hommes. Le questionnement.
- L’écriture comme outil de construction des savoirs.
- Création, re-création.
- Education nouvelle : tous capables de faire du SENS,
de donner du SENS.
1. Phase d’émergence.
• Travail individuel : sur une feuille blanche, dessiner un cercle puis une spirale à l’intérieur de celui-ci. Dessiner des séquences à l’intérieur de la spirale.
Y noter des mots à l’intérieur de chacune des séquences dessinées dans la spirale. Mots clés pour soi - ici et maintenant. (15 min.)
Chacun écrit son texte SPIRALE en utilisant les mots figurant dans la spirale.
Ce texte sera affiché dans les 10 minutes. (10 min.)
• Ecrire un petit texte qui sera affiché dans 10 minutes en utilisant les mots figurant dans la spirale.
• Affichage et lecture en écho de tous les textes affichés. (15 min.)
2. Phase de déstructuration.
• Chacun reçoit les photocopies des faces A et B du disque de PHAISTOS (disque d’argile découvert en Crête, datant de 1500 à 1200 avant J.-C. et dont l’écriture est restée énigmatique)
(voir annexe)
Les yeux fermés, chacun entre dans le disque
(2 à 3 minutes de silence)
• Fresque collective - mots inducteurs : DISQUE de PHAISTOS.
Chacun vient écrire sur une longue bande de papier tous les mots et expressions sur et à propos du disque de PHAISTOS.
(20 min.)
• Lecture en écho de ces mots et expressions.
Phase de reconstruction.
• Ecriture effervescente : chacun se choisit trois mots pleins de sens pour lui (ces mots peuvent venir de la fresque collective ou des écrits antérieurs) et les travaille sur les axes
matériels et idéels1 seul ou à plusieurs.
(20 min.)
• en petits groupes de 4 ou 5 personnes, on partage ses impressions, questionnements ou...
• Un document reprenant les 45 signes différents utilisés dans cette première écriture linéaire, syllabique (?) est distribué à chacun. (voir annexe) (10 min.)
• En utilisant le capital-mots de l’écriture effervescente, et en pillant dans les textes affichés et la fresque collective, chacun ECRIT seul(e) son propre mythe d’origine ou une légende ou une histoire... (20 min.)
• Affichage après 20 minutes.
Socialisation des Ecrits affichés : lecture croisée de ceux-ci (on lit le texte de quelqu’un d’autre) (15 min.)
Théorisation
Discussion sur le vécu de l’atelier et ses enjeux. (30 min.)
Un document extrait de la revue "Archéologie" est distribué à chacun (voir en annexe)
– relation au temps, à l’écriture : la sienne, celle des autres.
– l’imaginaire - les imaginaires.
– la langue des signes fait signe à la langue.
– la construction des savoirs - des mythes - de l’hisoire - de son parcours personnel.
– entrée dans l’histoire des hommes par d’autres portes.
– aider les adolescents, les adultes à entrer dans d’autres cultures par le questionnement, par l’imaginaire.
Marie-Jeanne FICHOT et Karyn WATTIAUX,
sur la base d’une démarche du GFEN - Sud Ouest,
dont l’origine se perd dans les méandres de l’histoire... et des co-pillages.
Merci à Michel Ducom et Annie.
Annexes : documents et textes de participants
[brun fonce]TEXTES DES PARTICIPANTS[/brun fonce]
PHAISTOS I
Aux soleils de tous les Étés
Qui brillent dans la spirale
de l’Univers
Les savoirs mûris de toutes nos expériences
Se laissent prendre, couper comme les blés
En gerbes craquelantes
Elles se donnent à écouter
saisir à plusieurs mains
Ici,
là
et ailleurs
Autrefois,
aujourd’hui,
et demain
Elles forment la cendre de la Terre.
PHAISTOS II
Il était une fois un petit gardien d’oies qui voulait faire plaisir à sa mère Phénichienne. Il décida de lui offrir un cadeau original... pas comme ceux qu’on trouve dans les épiceries fines de son village. Ces petites boîtes en pinces légères que toutes les mamans possèdent déjà dans les îles grecques. _ NON ! Il décida de lui raconter son amour pour elle en lui fabriquant un médaillon en terre crue, celui qui lui colle toujours aux pieds quand il traverse le gué de la rivière Waï.
Il la façonna, la pétrit pendant des heures puis avec une plume bien taillée, de la plus vieille oie du village, il y grava les images qui déferlaient chaque nuit dans sa mémoire tissée de 12 ans de vie. Il la fit cuire aux soleils de tous les étés.
Et, ce n’est que lorsqu’il fut devenu DUR comme cet OS DE VIE qu’il l’offrit à sa mère.
PHAISTOS III
What ?
Vibrations de voyelles
Sur l’Océane
Les cris s’élèvent dans la lumière
Matières historiées
Coquille éclatée
U d’Énergie partagée
I de poussées chaleureuses
O de vie prolongée
Les mères se rejoignent
Dans un tonnerre de silences.
PHAISTOS IV
La nuit de ma naissance
Elle hurle dans son corps inerte
Éclairs dans les yeux
Des lapidations dans le liquide
In vitro ça résonne
Ce n’est pas un avortement
Le temps à marqué de son stylet
La brèche d’ouverture
La peur de naître est une prison
Arc en ciel de voyelles
Les cris sont l’unique structure ouverte
Besoins d’Étendue
Je quitte les chemins de solitude
M’engage dans un entonnoir
La Lumière m’aveugle
Éclate en parcelles irisées d’Humanité
Où vais-je me porter ?
PHAISTOS V
An 1994 - 4991 après ma naissance
Dans la Lumière
Des blancs irisés
Exposition de voyelles suppliciées
Univers
Ordre - Dés-ordre -
Images éternelles d’Humanitude
Union du plein et du vide
La lapidation in vitro
Palpite au rythme de la portée.
Atelier d’Arts plastiques
"Le travail du blanc"
Annexe
Phaistos. A propos du mythe...
Texte extrait de "Mythe/Logos/aliénation" de Michel Cosem, dans la revue Encres Vives (avril 1970)
... Le mythe existe donc dans toute parole et si la plupart du temps cette parole est utilisée isolément du mythe c’est que cette parole a été aliénée, vidée de sa substance pour satisfaire une activité elle-même vidée de substance et aliénée.
... On nous a fait croire longtemps que l’activité poétique était du domaine particulier de l’expression esthétique, coupée du réel et se référant à des normes de "beauté" imaginaires, incapable en tout cas par nature d’être totalité et donc nécessairement opposée à la science. Cela permettait bien entendu d’éloigner le danger que représente pour la société telle qu’elle est une action permanente de la parole. Une telle conception est courante, continue à être enseignée mais ne correspond plus à la réalité.(...)
... Pour notre part nous nous bornerons à dire que toute tentative de libération du langage doit être comprise dans un ensemble global visant à modifier la société et à faire de la parole une activité créatrice permanente.
Dans cette perspective toutes les recherches actuelles (qui n’ont plus aucun rapport avec ce que l’on entend par poésie dans la société traditionnelle) travaillent à une modification radicale de l’homme. Re(devenant) lieu de création, la poésie n’est plus une activité insignifiante, réservée aux "poètes". elle travaille à l’instauration d’un nouveau type d’homme (créateur) et s’intègre de ce fait dans toutes les "communications" entre les hommes (écrits, images, voix, gestes).
... On a peine à croire les bouleversements que cela présage. En effet les événements que nous vivons dans le domaine de l’écriture (comme dans bien d’autres domaines) n’on pas eu d’antécédents. Il ne s’agit pas bien entendu d’un simple passage d’une école à l’autre dans un système traditionnel. Il s’agit de bouleversement (mutations) qui surprennent les meilleurs esprits (...)
... Si notre civilisation n’avait pas accumulé, sous prétexte de culture, tant d’idioties, tant de références mortes, si, au lieu de nous obliger à assimiler tant d’idées communes, elle nous avait fait procéder à l’apprentissage de la création permanente, la situation serait plus claire. Malheureusement, notre société a généralisé par sa mainmise sur tous les grands moyens de diffusion (journaux, TV, radio, enseignement) un mode de pensée anodin qui correspond évidemment à son idéologie. Il se trouve donc que ceux qui subissent le plus douloureusement ce monde sont hostiles aux recherches et aux actions qui visent à libérer l’homme, le créateur.
... La poésie transforme le monde. Jamais ce vieux slogan émis trop souvent en langage aliéné, ne semble se trouver plus justifié.
Michel COSEM