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30 ans du GBEN : présentation
Article mis en ligne le 27 novembre 2017

Voici quelques extraits de l’introduction du livre de nos 30 années de GBEN de Florence LORIAUX : Transformer la société par l’éducation, 30 ans de réflexion et d’ctions du Groupe Belge d’Education Nouvelle.

L’éducation, enjeu de société par excellence, est au cœur de multiples tensions pédagogiques, mais aussi politiques, économiques et sociales. Quant à l’école, elle participe à la transmission des valeurs et reflète la société dont elle fait partie. Depuis la crise économique des années 1970, de nombreux experts (pédagogues, enseignants, politiques ... ) constatent que l’école est malade, que l’école est en crise. (…)

De nombreuses propositions sont avancées afin de tenter de résoudre ce qui devient un véritable problème de société. Parmi elles figure le retour à un courant pédagogique né à la fin du 19" siècle : l’Education Nouvelle.

Fondée sur le principe de la participation active des individus à leur formation, l’Éducation Nouvelle se traduit sous des formes pédagogiques variées3 présentant chacune des spécificités mais rassemblées sous la dénomination commune : “Nouvelle”. Ces pédagogies, dites aussi “alternatives” ou “actives”, se proclament nouvelles car elles se rénovent sans cesse. Elles ont en commun, en plaçant l’individu au cœur de la démarche, de considérer que l’éducation doit lui permettre de se construire et de participer à la société dans le respect des autres.
Le mouvement prend véritablement son essor après la Première Guerre mondiale. Pour l’Education Nouvelle, influencée par les mouvements pacifistes, il s’agit de contribuer à abolir la guerre en construisant des citoyens nouveaux, émancipés, plus libres et capables d’apprendre par eux-mêmes. L’Éducation Nouvelle veut faire de l’école le lieu de citoyenneté et de solidarité par excellence.
La pédagogie nouvelle se développe aussi en réaction à la pédagogie traditionnelle [1] : " la pédagogie traditionnelle, pendant longtemps hégémonique, constitue le fonds pédagogique dans lequel puisent toutes les pratiques de l’enseignement. La pédagogie nouvelle ne devient une référence qu’à partir du moment où la pédagogie traditionnelle s’est vue contestée pour des raisons didactiques (mise en question de son efficacité pédagogique), éthiques (mise en question du modèle des rapports sociaux et de l’autorité qu’elle véhicule) et politiques (mise en question de sa proximité avec la culture bourgeoise, de son impact sur la sélection sociale et de sa légitimation de l’élitisme [2].
(…)
Un groupe de réflexions et de pratiques : une coordination pluraliste engagée dans une transformation de la société à travers l’école se met en place et se fixe comme lignes d’orientation de “transformer le fatalisme des comportements face à l’échec, au conditionnement, à l’inégalité, au racisme, de créer des démarches qui associent théorie/pratique, formateurs/ formés, concepteur/producteur, intellectuel/manuel, chercheur/praticien qui dissocient formation/reproduction, formation/consommation” mais aussi de « se construire un savoir authentique par une pratique de recherche, d’auto-socio-construction ». Mais pour cela il faut “construire des alliances, sur la base d’un champ spécifique, avec tous les partenaires qui sont engagés sur le terrain des transformations sociales : famille, école, santé, logement .... Etre une force d’interpellation et de propositions constructives, être un lieu de solidarité pour toutes les personnes disséminées dans les institutions” [3].

Le GBEN veut contribuer au développement d’une pédagogie ouverte, participative, solidaire et émancipatrice, Constatant que l’école, qui devrait être une pépinière d’intelligence, freine en réalité le développement des potentialités des élèves et engendre la compétition et ce dès l’école maternelle. Il s’agit pour le GBEN de s’interroger sur les pratiques pédagogiques afin de ne pas faire de l’école un lieu de reproduction des inégalités sociales mais surtout à faire en sorte que les apprentissages sociaux et scolaires soient réussis par tous (“tous capables pourvu qu’ils en aient le désir”). Il prône le remplacement de la transmission classique des savoirs selon les principes de la pédagogie traditionnelle par la recherche en groupe renforcée par une recherche individuelle préalable (auto-socio-construction des savoirs) au cours de laquelle, on découvre, on expérimente, on invente, on s’exprime, on se trompe et on élabore ensemble des savoirs. Le défi majeur "consiste à rendre l’école épanouissante pour tous les élèves, Elle se doit de les préparer à s’approprier des savoirs et, donc, de susciter chez eux le projet d’apprendre et d’en faire des demandeurs de savoirs” [4].

Mais la spécificité du GBEN par rapport aux autres pédagogies alternatives, est de se positionner politiquement et pédagogiquement en faveur de la non notation qu’il souhaite voir remplacée par d’autres formes d’évaluation. Il plaide pour la réalisation d’un chef-d’œuvre pédagogique en remplacement de l’examen du certificat d’études de base (CEB). Il souhaite, par ces propositions, tenter de mettre un terme à la compétition et a la sélection engendrées par les distributions de points.
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Soucieux de sauvegarder les traces de ses engagements et combats menés depuis plus de trente ans en faveur d’une école plus démocratique, plus égalitaire, créatrice de citoyens responsables, le GBEN a fait appel au CARHOP, Centre d’Animation et de Recherche en Histoire Ouvrière et Populaire. Alors que certaines réalisations du GBEN font l’objet de nombreuses analyses scientifiques dans le domaine des sciences de l’éducation (comme par exemple La Maison des Enfants de Buzet, Floreffe, Belgique), aucune recherche globalisant son action ne lui avait été consacrée. Retracer cette histoire s’inscrivant dans le champ de l’Education Permanente pour tous tout au long de la vie répond aux objectifs du CARHOP de transmission de l’histoire sociale.
(…)
La seconde partie de ce carnet laisse la parole à un certain nombre d’instigateurs et d’instigatrices, de praticiens et de praticiennes de ce mouvement. En faisant appel à leur mémoire, ils nous font revivre leur engagement en faveur de l’éducation. Cette collecte de mémoires ne clôture en rien la transmission aux générations futures des souvenirs de ceux et celles qui ont vécu des expériences d’Éducation Nouvelle et nous souhaitons que ce carnet invite d’autres témoins à relater leurs expériences. La mise en patrimoine ne fait donc que commencer.