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24. Elève spectateur, acteur ou auteur ?
Réflexions d’André Duny dans "Dialogue"
Article mis en ligne le 1996
dernière modification le 30 juin 2008

Dans la démarche de l’enseignement transmissif frontal, version dure ou version "soft", "la seule marge de manoeuvre qui s’offre à l’élève est celle de recevoir des dépôts, de les garder et de les archiver. Dans le fond, ce sont les hommes eux-mêmes qui sont mis en archives. Rejetés en dehors de la recherche, en dehors de la praxis, il n’y a ni créativité, ni transformation, ni savoir. Plus les élèves s’emploient à archiver les dépôts qui leur sont remis, moins ils développent en eux la conscience critique qui leur permettrait leur insertion dans le monde comme "agent de transformation, comme sujets" (Paolo Freire). Dans les démarches technocratiques du "constructivisme mou" à la mode, (...) quelle activité réelle de création de concepts ? Quelles ruptures d’avec les modes de pensée antérieurs ? Quels enjeux de citoyenneté ? On intègre et assimile parce "qu’on ne remet pas en question les fonctions inavouées de l’institution : classement, placement social, légitimation, soumission à l’autorité.

Pourquoi s’étonner alors que les élèves soient assis devant leur poste de télé comme en classe et vice versa qu’ils s’assoient en classe comme devant leur poste de télé ? ils se préparent mentalement à ce regard sur le monde qui contribue à leur propre écrasement, à leur propre impuissance. Un regard de spectateur, pas d’acteur, encore moins celui d’un auteur qui construirait sa pièce et son destin. Sauf pour ceux qui feront ailleurs les apprentissages méthodologiques, ceux dotés, par leur activité en milieu stimulant, de dents longues et de forte confiance en eux.

André DUNY

DIALOGUE N° 81
(Printemps 95)
GFEN, 6, av. Spinoza, F 94200 IVRY